Dans les bois éternels, Fred Vargas.
Le commandant revint sur ses pas, tournant les yeux vers la fenêtre et vers la pluie qui assombrissait la pièce. Mais il était trop fin connaisseur d'Adamsberg pour se figurer que le commissaire lui parlait du temps.
- Elle est là, Danglard. Elle nous drape, elle nous regarde.
- Humeur sombre? suggéra le commandant.
- Quelque chose comme ça. Autour de nous.
Danglard passa la main sur sa nuque, se donnant le temps de la réflexion. Quelle ombre? Quand, où, comment?
- Depuis quand, demanda-t-il?
- Peu de jours après que je suis revenu. Elle guettait peut-être avant, rôdant dans nos parages.
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Ca c'est la 4ème de couv' de mon édition. Bon. Pas très résumé tout ça. Je vous ai mis cet extrait quand même, parce qu'il illustre à merveille les phrases d'Adamsberg dont je suis tombée amoureuse (des phrases, hein, pas d'Adamsberg). J'y reviendrai.
Mais du coup, pas de résumé pour vous? Si, allez, je suis bonne poire, j'ai écumé tout internet pour vous trouver un résumé de l'éditeur de la version poche.
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Envisager de raconter un roman de Fred Vargas frise le ridicule, aussi se contentera-t-on de dire qu’ici, comme dans Sous les vents de Neptune, Adamsberg est confronté à des résurgences de son passé qui le déstabilisent fortement. L’enquête qu’il mène sur la mort de deux gars qui se sont fait trancher la gorge à la Porte de la Chapelle le remet en présence d’Ariane Lagarde, la médecin légiste à laquelle il s’était opposé quelque vingt-cinq ans auparavant. Un de ses nouveaux collaborateurs ne semble pas particulièrement l’apprécier, ce qui le perturbe d’autant plus que ce lieutenant Veyrenc de Bilhc est béarnais comme lui, originaire du village voisin du sien.
Enfin Camille, dont il a eu un fils, qu’il garde régulièrement, semble voguer vers de nouvelles amours et s’être affranchie de leur liaison passionnelle pour glisser vers des relations amicales, qui ne lui conviennent absolument pas…
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Difficile de savoir par quoi commencer ici.
L'intrigue déjà. Est très bien. Elle mélange une enquête, pour un polar jusque là tout va bien. Plus le passé d'Adamsberg. Plusieurs phases de son passé d'ailleurs. Et puis aussi sa vie présente. Dit comme ça, ça fait compliqué. On pourrait se perdre? Et bien non. Tout est clair. Pas de panique. Super agréable à lire. je ne reviendrai pas sur le fait que l'histoire est prenante.... cf ma petite ballade à une heure du matin sur la départementale la plus glauque de Clamart (et croyez-moi, ya du niveau!).
Les personnages sont super. Autant, dans les autres, j'avais beaucoup apprécié les enquêtes, autant la personnalité d'Adamsberg, particulièrement, m'avait un peu laissée de marbre. Et encore, je dis un peu, je suis gentille. Et là, je ne sais pas ; ça a marché à fond! En moins de deux j'étais prise par les petites répliques du commissaire. Courtes, efficaces, brillantes. On le sent torturé, angoissé. Et à la fois tellement détaché de sa propre existence, comme s'il pouvait l'analyser de l'extérieur... Certes, l'enquête est vraiment bien. Avec moult rebondissements et tout et tout, comme on aime. Mais, je crois que pour ce roman ci j'ai presque préféré tout ce qui va autour. Et ce qui va autour, c'est essentiellement les remarques et les aventures d'Adamsberg... Chapeau l'auteur! Parce que moi, les anti héros de romans noirs, habituellement, ils me sortent juste par les yeux. Allez, pas de jaloux, je vais même dire que j'ai été autant charmée par Adamsberg que par ses phrases!
Quand au style, c'est du Vargas. Simple et efficace. J'aime les choses simples et efficaces. Donc ça marche.
Je n'ai pas envie de vous en dire plus, plutôt que de perdre votre temps ici, courrez vite chez votre libraire. Ou votre bibliothécaire. (Je rends mon exemplaire à Musset début septembre).
Voici un gros, gros coup de coeur!
Et si Vargas pour vous c'est bof, sympathique mais sans plus, un peu toujours pareil.... Ca ne fait rien. Je dis la même chose depuis un an et demi. Vous voyez où ça nous mène? Je pense que le livre s'est vengé, et m'a d'autant plus captivée que je l'avais fait attendre. Oui, ça doit être ça. Je ne vois pas d'autre explication...